Quelle est notre conception de la formation – devrais-je dire l’apprenance – au centre de formation AGAFOR? Cette page vous dévoile un peu notre cheminement, ou une réflexion sur les façons d’apprendre autrement.
L’apprenance est un concept apparu pour la première fois dans les années 1990 aux États-Unis, dans les travaux de Peter Senge – notamment dans son livre La cinquième discipline (The Fifth Discipline) – traduit en France par Alain Gauthier et Béatrice Arnaud, et en France dans ceux d’Hélène Trocmé-Fabre.
Avant lui, Chris Argyris, universitaire et chercheur en sciences sociales américain, théoricien des organisations, avait déjà mené des recherches mettant en évidence les concepts de boucle d’apprentissage simple ou double non seulement dans les comportements individuels, mais aussi dans les comportements des organisations.
Puis, l’apprenance a été rendue populaire en France par Philippe Carré, professeur en sciences de l’éducation et de la formation. Le concept s’est enraciné depuis, et apparaît dans 73 thèse en France. Il s’est élargi à une dimension macro, puisque se développe à l’heure actuelle l’idée de planète apprenante.
L’émergence du concept
C’est d’abord Peter Michael Senge, professeur de management et auteur américain du livre La 5e discipline, publié en 1990, qui évoque la notion d’organisation apprenante. Dans celui-ci, il décrit 5 voies pour que l’entreprise devienne une organisation apprenante en développant l’apprenance. C’est une attitude qui doit mener, en parallèle, à la transformation des individus et des organisations.
Par la suite, cette idée a influencé les techniques de management dans le sens de la transversalité et du dialogue.
Apprendre autrement
Philippe Carré – qui par ailleurs a attribué la paternité du terme à H. Bouchet (responsable UCI-FO et membre du Conseil Economique et Social) en 1998 et à H. Trocmé-Fabre (neuro-psycho-pédagogue) en 1999 – a définit l’apprenance comme
« un ensemble stable de dispositions affectives, cognitives et conatives, favorables à l’acte d’apprendre, dans toutes les situations formelles ou informelles, de façon expériencielle ou didactique, autodirigée ou non, intentionnelle ou fortuite ».
Il s’agissait alors, pour Philippe Carré en 2005, de démontrer l’émergence d’un nouveau rapport au savoir, dans lequel la formation devient apprenance et le formé devient apprenant, acteur – voire auteur – responsable de ses apprentissages, et non plus objet. Le nouveau rôle des professionnels de la formation est d’accompagner le sujet apprenant dans la réflexion sur le “pourquoi apprendre?”, “comment apprendre?” et “où apprendre?”
L’équipe de recherche de Philippe Carré a orienté ses travaux vers la formation des adultes, mais aujourd’hui le concept s’est élargi vers l’ensemble de la société qui pour devenir une société de la connaissance, une société apprenante, voire une planète apprenante ou chacun aura la capacité à vouloir apprendre, savoir apprendre et pouvoir apprendre, doit encore se construire.
Vers une planète apprenante
C’est dans cette perspective, que le Cercle APE (Apprendre ensemble) et le CRI (Centre de recherches interdisciplinaires) lancent le premier Festival de l’Apprendre en janvier 2020. Il se tiendra dans de nombreuses villes en France et permettra d’explorer de nouvelles formes d’apprentissage.
C’est, selon le Centre Inffo, sur l’idée de François Taddei qui, dans son livre Apprendre au XXIème siècle évoquait des initiatives similaires dans d’autres pays, que cette initiative a vu le jour.
A Philippe Carré et François Taddei qui ont largement inspiré le cheminement du centre de formation AGAFOR vers le changement et de l’innovation, j’aimerais ajouter personnellement les réflexions de Denis Cristol – notamment dans son blog Apprendre autrement, les travaux de Marcel Lebrun et de Bruno Delièvre en Belgique, et ceux de Bruno Poellhuber et Thierry Karsenti de l’Université de Montréal qui m’inspirent au quotidien dans mon travail de formateur.
Apprendre autrement, c’est apprendre ensemble, la communauté apprenante!